23 juin 2015La journée internationale de l'ambroisie, le 27 juin 2015, va permettre de replacer cette plante hautement allergène au premier plan des préoccupations des habitants du territoire de la Métropole de Lyon et, plus généralement, de la région Rhône-Alpes, la plus touchée de France par l'expansion de l'ambroisie.L'ambroisie est une plante originaire d'Amérique du nord. Elle est apparue en France en 1863. Sa présence est restée discrète jusqu'aux grands travaux d'aménagement du territoire après la seconde guerre mondiale. C'est à partir de cette époque qu'elle se répand et prolifère. On la trouve : - sur les grandes voies de communication : réseaux de transport routier, ferroviaire…- sur les terrains en friche- dans les zones pavillonnaires avec des lots vacants ou en construction- dans les chantiers de travaux publics- dans les espaces verts en cours d'aménagement- dans le milieu agricolePeu de sols résistent à l'ambroisie qui s'installe sur les terres dénudées ou apportées, soit par l'action de l'homme, soit par l'érosion naturelle. Elle régresse et disparaît dès que d'autres espèces viennent lui faire concurrence. Néanmoins, elle dépose un important stock de graines dans le sol qui remontent dans les premiers centimètres du sol lors de chantiers. Dès lors, elle se retrouve en condition favorable pour germer. C'est l'activité humaine qui est l'agent le plus efficace de dispersion des graines d'ambroisieIl s'agit d'une plante annuelle de la même famille que le tournesol. Elle sort de terre entre fin avril et juin (selon les saisons) et arrive à maturité vers la mi-août. C'est à partir de ce moment qu'elle émet du pollen en très grande quantité. Un pied d'ambroisie de taille moyenne peut libérer jusqu'à 2,5 milliards de grains de pollen en une seule journée et le vent peut les transporter sur plus de cent kilomètres !Cette pollinisation dure jusqu'en octobre.Le pollen de l'ambroisie provoque de graves allergies qui se traduisent par :- rhume- rhinite- conjonctivite- trachéite- asthme- urticaire- eczéma.C'est durant la première quinzaine de septembre que les manifestations allergiques sont les plus marquées car c'est la période où les taux de pollen sont les plus élevés.La concentration en pollen d'ambroisie pourrait quadrupler d'ici 2050 : c'est ce que conclut une étude, publiée le 25 mai 2015 dans la revue Nature Climate Change.Des chercheurs du CNRS, du CEA, de l'INERIS et du RNSA y estiment qu'elle sera multipliée par quatre d'ici 2050 en Europe. Des zones relativement épargnées jusqu'à aujourd'hui pourraient être affectées par l'espèce invasive, notamment le nord de l'Europe et le sud de la Grande-Bretagne.Cette inquiétante perspective dans la progression de la menace est imputable à deux facteurs :- le changement climatique, qui favorise la croissance de la végétation, responsable aux deux tiers de ce phénomène,- les modifications dans l'utilisation du sol, et la particulière volatilité des graines d'ambroisie.Le ministère chargé de la santé a inscrit la lutte contre cette plante au pollen hautement allergisant parmi les objectifs des trois plans nationaux santé environnement qui se sont succédé depuis 2004. Plusieurs actions ont été mises en place pour limiter l'expansion de cette espèce envahissante et prévenir ses effets sur la santé. Parmi elles, figure en particulier la création, en juin 2011, de l'observatoire des ambroisies dont la mise en oeuvre a été confiée à l'institut national de la recherche agronomique.Constituant un centre de ressources de référence en France en matière d'ambroisies, cet observatoire est notamment chargé de favoriser la coordination des actions de prévention, de lutte, de formation et d'information, mises en place aux échelles nationale et locale par différents acteurs.La région Rhône-Alpes est la région française la plus touchée par la diffusion des pollens de l'ambroisie.Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) dispose de 13 capteurs dans la région Rhône-Alpes. Le centre de coordination est basé à Brussieu au coeur des monts du lyonnais, à 40 km à l'Ouest de Lyon. Quatre capteurs de pollens sont installés dans le Rhône à Lyon, Genas, Craponne et Gleizé. Ces capteurs permettent de calculer les indices de risque allergique par exposition au pollen (RAEP) qui va de 0 (risque nul) à 5 (risque très élevé). Le triangle Lyon-Bourgoin-Jallieu-Valence est le plus exposé.L'année 2014 a été marquée par des quantités de pollens en hausse dans le Rhône par rapport aux années précédentes.Les conditions météorologiques peuvent avoir eu un effet sur cette augmentation, et sur l'arrivée un peu plus en avance des pollens, vers le 10 août.C'est la ville de Lyon qui a eu le plus de jours à RAEP à indice 3 ou supérieur avec l'équivalent d'un mois complet (31 jours).« Il s'agit-là d'un véritable enjeu de santé publique » souligne Pierre Diamantidis, Conseiller communautaire. En effet, 13% de la population Rhône-alpine est touchée par les allergies au pollen de l'ambroisie. Ce chiffre peut atteindre 21% dans les zones les plus fortement exposées. Sur le seul territoire métropolitain, ce sont entre 100 000 personnes et 130 000 personnes qui sont impactées. Les coûts de santé pour la collectivité sont estimés à plus de 15M€ par an pour la région Rhône-Alpes.La lutte contre l'ambroisie est donc un enjeu majeur pour la collectivité.Cette lutte vise à interrompre le cycle de reproduction de la plante et à éviter la dispersion des graines dans le but de réduire progressivement le stock de graines présent dans le sol. Les zones traitées subissaient l'influence des zones voisines non traitées. Cela indique que les actions doivent être réalisées sur de vastes territoires pour entraîner un impact notable sur l'exposition de la population. Il est donc essentiel que les plans de lutte soient organisées à grande échelle (régionale, nationale, européenne) et que l'ensemble des acteurs du territoire se mobilisent.Depuis plusieurs années, la Métropole de Lyon mène plusieurs actions contre l'ambroisie sur son territoire, en partenariat avec l'Agence régionale de santé (ARS) et la région Rhône-Alpes.Une plateforme de signalement de l'ambroisie a été mise en place. Elle est gérée techniquement par Air-Rhône-Alpes et coordonnée sur le terrain par l'ARS et le RNSA.Elle est accessible par tous et permet de signaler la présence d'ambroisie au moyen de quatre canaux :1. Un numéro de téléphone : 0972 376 8882. Un site internet :
www.signalement-ambroisie.fr3. Une appli mobile signalement ambroisie4.Une adresse mail : contact@signalement-ambroisie.fr337 signalements ont été reçus par la plateforme Signalement ambroisie (PC + smartphones) et 101 signalements ont été reçus téléphoniquement par le GRECOSur les 70 signalements reçus par téléphone en 2014, 57 provenaient du Grand Lyon. Les services techniques de la Métropole de Lyon ont arraché l'ambroisie rapidement après chaque signalement qui leur a été transmis. Signalement ambroisie est un outil de lutte de terrainPour quoi faire ?Pour les acteurs de terrain :- Signalement Ambroisie est un outil de gestion dynamique de la présence de l'ambroisie sur leur territoire (repérage, suivi…)Pour le grand public :- Signalement Ambroisie permet à chacun d'être acteur de la lutte et représente un support de communication positifPour les « superviseurs » de la lutte contre l'ambroisie :- Signalement Ambroisie permet de collecter des données de présence d'ambroisie à grande échelle pour alimenter la cartographie de densité de la plante.Dans chacune des 59 communes de son territoire, la Métropole dispose de référents ambroisie. Ils sont au nombre de 94 et leur travail de sensibilisation et d'information en font des relais indispensables à la cohérence et à l'efficacité de la lutte.Missions du référent ambroisie: Communiquer et informer:Actions de sensibilisation et d'informations vers le public, les opérateurs et les gestionnaires d'espaces sur son territoire Diffusion de documents d'informationCommunication au travers du bulletin municipal Acteur de la prévention, de la concertation et de la médiation Repère la présence de plants Est le relais de terrain lors de signalements en mairie et recense les signalements Conseille sur les techniques de lutte Assiste le maire pour l'application de l'arrêté préfectoralDans le cadre de ses actions, la Métropole de Lyon a aussi adapté ses pratiques de fauchage :- une hauteur de fauche exigée au minimum à 10 cm permet d'assurer une couverture végétale et donc d'empêcher l'apparition de la plante.- une fréquence de fauche adaptée au cycle de vie de la plante permet également d'éliminer l'ambroisie en phase de croissance avant la floraison.Il faut empêcher l'ambroisie de pousser en occupant l'espace à sa place (méthode préventive) : Il est important de ne pas tondre trop ras Il faut éviter les désherbants qui mettraient le sol à nu et faciliterait la pousse de l'ambroisie Le gazon doit être semé de septembre à octobre Il est indispensable deplanter une végétation dense sur des paillages en toile, copeaux de bois ou en écorce (de mi-novembre à fin février) l'année d'après, si le terrain le permet et que l'ambroisie ne repousse pas grâce aux plantations et aux semis, il faut éviter de faucherIl faut détruire l'ambroisie si vous venez de faire des travaux et que vous ne pouvez pas encore semer ni planter, en général jusqu'à fin août (méthode curative) : si vous avez de petites surfaces et que le sol est meuble : arrachez-la. si vous avez de grandes surfaces : fauchez-la.Dans les deux cas : Il faut surveiller l'apparition des boutons floraux et intervenir avant qu'ils n'émettent leur pollen Il est nécessaire de porter un masque et des gants pour se protéger.Sur un plan plus général, Air Rhône-Alpes développe et exploite une plateforme de modélisation du pollen d'ambroisie. Cette approche est une composante du dispositif de surveillance mis en oeuvre dans le cadre du deuxième Plan Régional Santé Environnement. Elle est complémentaire des mesures du pollen réalisées par le réseau de capteurs du RNSA.Le modèle numérique « simule » l'ensemble des phénomènes déterminant la concentration de pollen et permet de cartographier les niveaux de pollen d'ambroisie.La modélisation répond à trois objectifs : prévoir à court terme, évaluer l'exposition de la population pour les années passées, simuler des scénarios de plans d'actions.