Si le voyage était terrestre, les étoiles seraient de meilleurs guides.
Le regard engendre le chemin. De part et d'autre, des montagnes glacées, des forêts lourdes et muettes. Le goutte à goutte de la pluie. Des clairières et des lacs où passent des ombres… Puis, des chantiers, des friches, des usines, un dédale souterrain, de la boue, des rencontres furtives...
Le temps s'est arrêté.
Aux Beaux-arts de Paris, j'ai appris à solliciter l'inconscient en utilisant les hasards de la matière et du geste, grâce à l'enseignement de Leonardo Cremonini. Plus tard, installée au Canada pendant plus de vingt ans, à Montréal, j'ai été fascinée par l'espace, la beauté des paysages, par le sentiment de liberté et de force qui émanait de ce pays. Peu à peu, mes toiles se sont agrandies afin d'offrir au geste la surface nécessaire à son déploiement, devenant des réseaux chaotiques d'éclaboussures et de drippings d'où émergeaient des paysages dévastés. Sans le savoir, j'étais probablement influencée par l'Action Painting américaine qui, à cette époque, avait profondément marqué la peinture canadienne.
De retour en Europe il y a quelques années, j'ai eu envie de révéler de manière plus précise ce qui sortait du chaos pictural en approfondissant la figuration, pour m'approcher de l'inconscient par l'intime et le rêve.
Anne Bertoin
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