« Le pire, ce serait la disparition dans l'indifférence de l'une des offres les plus attrayantes du tourisme en montagne et l'un de ses leviers économiques les plus pertinents… ». A l'issue d'un Conseil d'Administration qui l'a mandaté, ce mercredi 27 juin, pour déposer auprès de la Justice un dossier de cessation de paiement, Guy Chaumereuil, président de l'association Grande Traversée des Alpes, ne cache plus son amertume. « Je ne défend pas un organisme pour lui-même, mais pour l'action qu'il mène depuis des décennies : être un atout économique fort pour le tourisme de montagne sur des territoires qui en ont réellement besoin. Les clientèles itinérantes – sur deux, trois, dix jours ou plus, à pied, à VTT, à vélo classique ou vélo électrique, en voiture, à moto – sont un marché mature, à fort potentiel national et international, qui rapporte, chaque jour, 20 à 30% de plus que les vacanciers sédentaires et s'inscrit dans une logique de développement local. Au total, cela représente aujourd'hui 17 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année pour les acteurs de ce type de tourisme ».
De ce dispositif unique – 5.000 kilomètres de sentiers, pistes, routes et parcours aménagés, équipés, fléchés du Léman à la Méditerranée, 400 hébergements et prestataires d'activités et 150 Offices du Tourisme partenaires – la GTA en est tout à la fois le gestionnaire, l'animateur, le promoteur et le développeur : « Le tourisme itinérant est une mécanique de haute précision car c'est un tourisme de flux : s'il n'est pas entretenu – les itinéraires, la signalétique, les hébergements, les services associés, la promotion et la recherche de clientèle - et dans l'innovation permanente – les systèmes de réservation, les nouvelles pratiques comme le vélo à assistance électrique, le numérique - il s'étiole très vite ».
Alors, où est le problème ? « Les Régions sont nos deux plus importants partenaires publics, aux côtés des départements et de l'Etat avec qui nous continuons d'avoir les meilleurs rapports. La Région Auvergne Rhône-Alpes a modifié son mode d'attribution des subventions, c'est certes un problème pour nous mais elle nous reste fidèle et nous maintient sa confiance en renouvelant sa cotisation. Ce n'est pas rien. Mais la Région Sud a décidé non seulement de se désengager totalement mais en plus d'exiger de nous le remboursement de subventions pour plus de 120.000 euros qu'elle considère comme un trop perçu sur trois exercices précédents. Ce que nous contestons vigoureusement et avec une totale sérénité tant notre fonctionnement – qui est validé chaque année par l'ensemble de nos autres partenaires… et par cette même Région jusque-là ! - est transparent. Mais à court terme, la GTA ne peut y survivre. Résultat, nous pourrons assurer nos charges jusqu'en septembre, pas au-delà… ».
Aussi, le Conseil d'Administration a-t-il décidé ce mercredi d'adresser à l'ensemble des présidents des exécutifs départementaux et régionaux un appel à un soutien exceptionnel pour assurer la fin de l'année mais surtout les trois mois nécessaires à la finalisation d'un nouveau business plan, étudié depuis un an et demi avec l'accord de tous les partenaires, intégrant davantage public et privé et plus proche encore des attentes territoriales. Seule, la Région Sud y émet aujourd'hui des réserves. « Là, on ne comprend plus : nous sommes les premiers à avoir pris en compte les difficultés des collectivités aujourd'hui et à chercher des solutions innovantes. On ne peut pas vouloir à la fois que nous restions 100% public… et nous couper le robinet ! »
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