Au cœur de l'actualité ces derniers temps (SeaFrance, 2012 année internationale de la coopération,…), la solution SCOP reste encore trop souvent méconnue si ce n'est mal comprise. Et pourtant, avec 322 SCOP et :
- 41 nouvelles Sociétés Coopératives en 2011 dont près de la moitié sont des reprises par les salariés,
- 228 emplois créés ou sauvegardés en 2011, soit deux fois plus que l'année précédente,
- une progression de + 30% de SCOP en Rhône-Alpes en 5 ans,
- une représentation nationale plus élevée que la moyenne : 15% de SCOP installées dans la région pour 10% des entreprises au niveau national,
la région Rhône-Alpes reste une pionnière et la région la plus active dans ce domaine.
Pourquoi et comment les SCOP rhônalpines arrivent-elles (mieux que les sociétés traditionnelles) à s'en sortir dans un contexte économique difficile ? Ou comment le social vient-il aider l'économie dans une entreprise ?
L'élaboration d'un projet commun
Avant tout, les SCOP, c'est l'acceptation d'une « autre » organisation de l'entreprise. Et une véritable prise de conscience de la fonction de dirigeant. En effet, si le principe d'une personne = une voix rend d'autant plus légitime le poste de dirigeant, il implique surtout :
- une organisation managériale différente,
- un modèle de gestion réellement collégial puisque les salariés sociétaires détiennent des parts du capital et peuvent voter lors des assemblées générales.
Les SCOP, c'est également une philosophie qui place l'outil de travail au centre de ses préoccupations. Le choix de réinvestir au minimum 1/3 des bénéfices dans l'entreprise permet de consolider les fonds propres et d'investir dans l'innovation à long terme. Et c'est bien cette distribution différente des richesses qui contribue à la pérennité de l'entreprise…
De plus en plus de reprises par les salariés
Avec près d'une dizaine de reprises ou transmissions en cours sur le seul 1er trimestre 2012, la formule a le vent en poupe, notamment dans le domaine des services.
Lors de la reprise par ses salariés de DAMI (Drôme Ardèche Micro Informatique), Laurent Plantin, gérant de cette entreprise basée à Tournon explique : « Aujourd'hui, nous savons ce pour quoi l'on se bat, ce pourquoi on se lève le matin. Le statut SCOP a soudé plus encore le groupe. Nous avons également gagné une plus grande autonomie et une plus grande responsabilité dans le travail de chacun ».
Outre la formation de Nouveau Dirigeant qu'il a suivie, il revient sur son expérience : «Pour beaucoup d'entre nous, c'était notre premier emploi. On se disait que c'était un peu une utopie. Mais de voir l'Union Régionale croire au projet, de voir tous les autres acteurs (banques, associations d'aide aux entreprises, clients fidèles) y croire, et même jusqu'au tribunal qui nous a permis de prolonger notre période d'observation le temps de nous organiser… nous nous sommes dit qu'une solution de reprise était finalement possible! Et nous avons décidé de prendre notre destin en main… »
Après 10 ans d'existence en SCOP, DAMI est un exemple de réussite à suivre qui compte 12 salariés (dont 7 associés) pour un chiffre d'affaires de 1,6 million d'euros.
La menuiserie Gero quant à elle, existe depuis 1973. Une institution à Aubenas (07) qui fait aujourd'hui travailler près de 20 salariés (CA 2011: 1,8 million d'€). Son dirigeant Jean-François Hezard raconte : « J'ai décidé de racheter l'entreprise en 1997. Puis, on s'est développé en passant de 3 salariés à une vingtaine, et ce sans toucher aux résultats pour garder une marge de progression. » Mais c'est depuis quelques mois seulement (septembre 2011), que la menuiserie a été transformée en SCOP et reprise par les salariés. «Aujourd'hui, nous sommes 11 salariés-associés à constituer le noyau dur de l'entreprise. » Un changement dans la continuité, préparé depuis quelque temps déjà par le dirigeant « Pour l'instant, rien n'a vraiment changé, c'est trop récent. On sent quand même plus de motivation, mais c'est réellement dans 3-4 ans que l'intérêt de la formule va émerger, quand les salariés verront leurs marges de manœuvre et leurs salaires progresser. »
L'appui d'un réseau sur l'ensemble du territoire
Avec 21 salariés, l'Union Régionale Rhône-Alpes a su mettre ses compétences au service des SCOP et SCIC via :
- un accompagnement stratégique au moment de la création comme auprès des entreprises déjà adhérentes,
- un appui financier. Les consultants ont réalisé plus de 1024 visites en 2011, permettant un engagement de 1 759 k€ auprès de 51 SCOP (soit une progression de + 35% en montant par rapport à 2010),
- une politique de formation qu'illustre notamment l'instauration d'un diplôme universitaire « Dirigeant de coopérative », en partenariat avec l'Université Paris Dauphine,
- la mise en réseau notamment via la création d'une vingtaine d'antennes départementales.
Laurent Plantin affirme aujourd'hui son soutien à l'UR SCOP « Au moment de la reprise, tout s'est passé très vite. Nous n'avons eu qu'un mois pour tout mettre en place car nous ne voulions aucune journée de fermeture. il fallait que la passation soit immédiate et que les engagements auprès de nos clients soient maintenus. L'UR SCOP a su s'impliquer et nous assister au maximum au moment où on en avait le plus besoin. S'il n'y avait pas eu leur appui dans cette période difficile, DAMI n'existerait plus ».
En juste retour des choses, DAMI a été la première antenne de l'UR SCOP en Ardèche « Quand on a eu besoin d'eux, l'UR SCOP était là, aujourd'hui ce n'est pas grand-chose d'ouvrir notre porte pour faire connaître cette solution pérenne d'entreprise à d'autres salariés qui peuvent en avoir besoin. »
Une réussite partagée, une économie équitable… Les SCOP ont depuis longtemps, intégré des valeurs qui, aujourd'hui plus que jamais, sont reprises par l'univers politique et économique : « Made in France » contre délocalisation ; participation et intéressement pour tous contre rémunérations démesurées des dirigeants du CAC40, responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise.
Peut-on se prendre au rêve du dirigeant de Menuiserie Gero ? « Dans le système actuel, la valeur ajoutée va au capital. Dans le modèle SCOP, cette même valeur ajoutée va au travail. Peut-être que l'économie fonctionnerait mieux si toutes les entreprises étaient en SCOP… »
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