Par sa conférence, Monet : l'œil pour référence, Gilles Genty, VENDREDI 10 JANVIER 2013, a enthousiasmé le public. 500 personnes ont assisté à cette remarquable conférence. Un tonnerre d'applaudissements.

Chargé de mission au Musée national des Monuments français et professeur à l'Ecole du Louvre jusqu'en 1997, Mr Gilles Genty, professeur d'histoire de l'art, a axé ses recherches sur les peintres du groupe des Nabis. Organisateur et co-commissaire d'expositions, parmi lesquelles, Paul Ranson en 2001, Maurice Denis, Enfances en 2009, De Gauguin aux Nabis, le droit de tout oser en 2010, il est également auteur et co-auteur d'ouvrages consacrés aux nabis. Ses écrits sur Paul Ranson et Maurice Denis lui ont valu d'être reconnu comme un éminent spécialiste de la période.
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C'est pendant l'un de ses séjours au Havre, que Claude Monet, peignit en 1873 sa toile intitulée Impression Soleil Levant où il représente le port du Havre émergeant de la brume dans un nuage bleu-gris orangé. Les détails disparaissent sous le pinceau chargé de couleurs. Puis, au bout de vingt ans, le mouvement impressionniste s'étant morcelé, Monet, le premier et le plus fidèle impressionniste, ayant épuisé ses ressources, se lance dans « une espèce de symbolisme de la couleur » pour exprimer les effets changeants de la lumière. Ce sont les façades des cathédrales de Rouen vues sous différentes tonalités, ce sont les Nymphéas qui scintillent dans un miroir d'eau où se reflètent les nuages qu'il peignit entre 1895 et sa mort, soit presque trois cents tableaux saisissants de beauté et d'inventivité.

Contemporain et admirateur de Manet au point de peindre en 1865 un nouveau Déjeuner sur l'herbe, Monet s'oriente, plus encore que son illustre devancier, vers un travail sur les phénomènes atmosphériques, sur la couleur et la lumière. En réalité, par delà les scènes qu'il représente, il questionne notre système de perception des objets et interroge, conjointement aux scientifiques de son temps, les phénomènes de la vision. Creusant l'espace en profondeur, dilatant jusqu'à l'extrême les formats de ses toiles, il nous invite dès lors à renouveler radicalement notre rapport à la peinture. Mettant en question puis en cause la perspective traditionnelle, interrogeant la fusion du corps du spectateur avec le spectacle regardé, il renouvelle en réalité radicalement l'art du paysage ; ne déclarait-il pas à la fin de sa vie, n'avoir désiré que « procurer l'illusion d'un tout sans fin, d'une onde sans horizon et sans rivage ». Cette révolution « silencieuse », anticipe les grandes innovations picturales du XXe siècle ; celle de l'abstraction (le russe Malévitch date ses recherches a-formelles de sa découverte d'une Meule de Monet), mais aussi du « all over », de l'espace pictural sans fin des peintres américains des années 1950-1960 (Mark Rothko et Jackson Pollock par exemple)".


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