Un souffle nouveau est arrivé en Beaujolais et avec lui une jeune génération de femmes. Elles sont nombreuses aujourd'hui à gérer leur propre domaine et à apporter leur regard et leur expérience au vignoble. Les premières d'entre elles ont dû parfois s'imposer. Encore minoritaires aujourd'hui, elles sont pour autant respectées et écoutées. Zoom sur trois parcours qui portent haut le Beaujolais et illustrent la diversité du vignoble.
CLAUDE-EMMANUELLE DESVIGNES
LA TRADITION REVISITÉE
« Il y a quinze ans quand je me suis installée aux côtés de mon père, nous n'étions pas nombreuses dans les vignes mais les temps ont changé. »
Pas de doute, pour Claude-Emmanuelle Desvignes, assurer la lignée familiale était une évidence. « J'étais fascinée par le travail de mon père », dit-elle. C'est donc tout naturellement qu'elle a pris les chemins du lycée viticole puis a fait ses armes dans le Beaujolais, le Bordelais et aux États-Unis avant de revenir en 2001. « Je trouvais les vins de mon père un peu austère ». Avec son frère qui l'a rejointe, ils représentent la huitième génération et apportent plus de finesse et de gourmandise à des Morgon qui, dans le verre, portent la « signature » Desvignes.
MEE GODARD
UN DOMAINE EN DEVENIR
« Ce n'est pas évident de s'installer dans un vignoble mais j'y suis arrivée. Vigneron est un métier difficile qui nous mobilise en continu mais je suis animée par la passion et j'ai encore de nombreux projets. »
Après avoir enchainé les missions dans différents domaines pour se faire son expérience, Mee Godard, oenologue de formation, relève le défi en achetant, il y a trois ans, un domaine à Villié-Morgon. Depuis, elle mène avec dynamisme et conviction son exploitation de 5 ha et vient d'acheter une parcelle de Moulin-à-Vent. « J'ai pour objectif de mécaniser le domaine et je souhaite, à terme, mener une conversion en bio », indique-t-elle dans l'objectif d'améliorer la qualité de vins pourtant déjà (re)connus.
SONJA GEOFFRAY
DUO INTIME AU COEUR DU VIGNOBLE
« J'avoue avoir des faiblesses. Du haut de mes 48 kilos, impossible de tout faire dans le métier, mais on apporte d'autres sensibilités, c'est aussi un atout ! »
Rien ne prédestinait Sonja Geoffray à vivre dans le Beaujolais. Suisse, elle rencontre à l'école de Changins son mari, sixième génération au Château Thivin. « Dans les premières années mon implication était distante car je m'occupais de nos enfants en bas âge. » Mais depuis trois ans, Sonja fait partie intégrante du domaine : « la diversité est vraiment ce que j'aime dans le métier ». Sonja conclut en évoquant la complémentarité avec son mari : « nous formons un duo intime dans les vignes ».