La RES, qu'est-ce que c'est ?
Cette solution, trop peu connue et utilisée, permet à des salariés d'une entreprise d'en devenir les nouveaux associés.
En Rhône-Alpes, sur ces 3 dernières années, la reprise d'entreprise par les salariés a séduit 51 entreprises pour 561 emplois. Un phénomène en hausse et qui ne peut que s'accentuer au regard du vieillissement des dirigeants. Sur la région :
- 23% des dirigeants ont plus de 55 ans,
- la grande majorité part à la retraite à l'âge de 62 ans,
- leurs entreprises représentent 1/3 de l'emploi (source CRCI RA 2007).
Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes et qui montrent l'enjeu pour la RES !
Et qui mieux que des salariés associés pour parler des avantages de ce statut, encore si particulier…
Dernière née des SCOP, ADRET ET TERRITOIRES (Voreppe - 38), bureau d'étude en stratégie de territoire et de développement durable, a été reprise il y a seulement un mois !
« Le dirigeant ne souhaitait plus en assurer la gérance, c'est sur son initiative que nous avons été consultées. Si l'on reprenait l‘entreprise, cela allait de soi que ce serait en SCOP, une forme d'entreprise adaptée à ce que l'on « vend » et qui correspond à l'état d'esprit dans lequel on travaille. » explique Anouck Letterman, une des deux co-gérantes, 31 ans seulement.
Aujourd'hui, plus de logique de hiérarchie, mais de vrais échanges. Pourtant la transmission, même épaulée par le fondateur, n'a pas été facile. « On était loin d'être des gestionnaires. Le montage financier et juridique a pris 9 mois mais le soutien de l'Union Régionale nous a permis d'obtenir un prêt intéressant. C'est ce qui a fait la différence. »
Depuis 20 ans, DAMI, elle, est une entreprise de vente et prestations informatiques de Tournon sur Rhône (07).
En 2000, elle est mise en situation de redressement judiciaire. Une période de plus d'un an, difficile pour les salariés.
Laurent Plantin, ancien employé et actuel gérant raconte : « le statut SCOP est apparu comme une opportunité. On connaissait un peu, cela avait déjà fonctionné pour d'autres entreprises de la région, pourquoi pas nous ? »
Par « volontariat » une équipe se dessine. « A partir du moment où l'on s'est décidé, tout est allé très vite. Heureusement, avec l'Union Régionale comme grand chef d'orchestre à nos côtés ! En 1 mois, le dossier de RES est bouclé. Et la reprise au tribunal s'effectue le 1er décembre 2001 par 6 des anciens salariés (En 2009 : 12 salariés dont 7 associés, CA : 1,42 M)
« Pour moi, le Statut d'entreprise coopérative développe deux aspects essentiels de l'entreprise : en tant que dirigeant peu expérimenté, on se sent rassuré car épaulé par les salariés, qui sont associés, cela motive car tout le monde peut s'exprimer. »
Séverine Gadier est dirigeante de la LIBRAIRIE NOUVELLE JJ Rousseau à Chambéry (73)
En 2008, l'ancien directeur part à la retraite. « Nous imaginions difficilement une personne extérieure intervenir, alors, pour nous, la SCOP c'était la solution. Cela permettait d'amener de la trésorerie et de partir sur un nouveau mode de fonctionnement. Deux ans après, nous avons véritablement changé notre manière de travailler, nous nous impliquons tous dans l'avenir de l'entreprise. »
6 salariés, à majorité des femmes qui luttent encore aujourd'hui pour faire subsister une librairie indépendante de plus de 30 ans dans un secteur en mouvement « Sans le statut SCOP, nous n'aurions peut-être pas pu continuer à exister comme une structure viable ».
A Lyon, Catherine Gillioz, gérante de GRAPE INNOVATIONS a repris cet organisme de formation et conseil dans le champ social (secteur petite enfance) depuis 2001.
Une reprise un peu à part car elle concerne une transformation d'association en SCOP.
« Pour nous, c'était un choix clair et réfléchi. Le statut coopératif, modèle de fonctionnement démocratique, et éthique restait en cohérence avec une implication déjà très forte des salariés. »
Certains vacataires de l'époque ont aujourd'hui rejoint définitivement le projet. Avec 8 permanents et plus de 40 vacataires, l'association devenue SCOP connaît une belle expansion !
Ces témoignages le prouvent : la RES repose avant tout sur les hommes et les femmes qui choisissent de se lancer dans l'aventure. Mais elle s'avère également être un véritable moteur économique :
- l'INSEE estime (chiffres 2007) que 10% des dépôts de bilan viennent d'une succession mal préparée
- une reprise par les salariés (qui connaissent mieux que personne leur entreprise, leurs clients, et leur métier) a deux fois plus de chance de réussite (source OSEO 2005)
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